Pierre Rabhi, colibri envolé
L’écrivain et philosophe, penseur pionnier de l’agroécologie, décédé samedi à 83 ans des suites d’une hémorragie cérébrale, laisse un héritage à toutes les consciences qu’il a éveillées à la « sobriété heureuse ».
L’écrivain et philosophe, penseur pionnier de l’agroécologie, décédé samedi à 83 ans des suites d’une hémorragie cérébrale, laisse un héritage à toutes les consciences qu’il a éveillées à la « sobriété heureuse ».
Un sourire bienveillant, une chemise à carreaux, un pantalon en velours côtelé, des sandales par tous les temps, tel un maître Yoda à bonnet et bretelles… C’est l’image qui vient à l’esprit quand on pense à Pierre Rabhi, décédé samedi à Lyon, à 83 ans, des suites d’une hémorragie cérébrale. Né en Algérie, grandi à Paris avant de trouver en Ardèche, le camp de base, la terre, au nom de laquelle il a éclairé quelques personnalités, toutes éplorées depuis l’annonce du décès de Pierre Rabhi, biodynamiste plus que convaincu, pionnier de l’agroécologie, cette pratique sans pesticides ni engrais chimiques dont le but est de régénérer le milieu naturel, la terre nourricière.
Et il suffit de peu, selon sa fameuse légende du colibri : la forêt brûle, l’oiseau prend de l’eau dans son bec pour éteindre le feu. Le tatou se moque. « Je fais ma part », répond le colibri.
L’on se rappellera que cette référence écologiste et altermondialiste, candidat éphémère à la présidentielle de 2002, pour déjà « introduire dans le débat l’urgence écologique et humaine », avant d’aller en Ardèche partager son temps entre interviews, animation de ses fondations, conférences et rédaction d’ouvrages à succès, dont cette ode à la sobriété heureuse – Vers la sobriété heureuse, Actes Sud, Arles, 2010, dont près de 500 000 exemplaires ont été vendus tous formats confondus –, philosophie grâce à laquelle il est arrivé à concilier grande distribution et écoresponsabilité, grandes fortunes et cette forme d’ascétisme qu’il dégageait…
Avec Cyril Dion – l’auteur du documentaire Demain –, il a mis sur pied le mouvement citoyen des Colibris, qui appelle notamment aux actions locales, comme les jardins partagés, les fermes pédagogiques ou encore les circuits d’approvisionnements courts.
Des réactions élogieuses inondent les médias et réseaux sociaux depuis samedi, couvrant largement les rappels de ses positions conservatrices sur d'autres sujets sociétaux (mariage homosexuel, égalité homme femme) ou de ses liens avec l'anthroposophie, courant ésotérique accusé par ses détracteurs de « dérives sectaires », toutes ayant une pensée pour son épouse Michèle, ses enfants et tous ses proches.
AV