Fermes Lufa#2 : Mode d'emploi
Les Fermes Lufa, ce sont de nombreuses serres et des fermes sur toit dans la région du Québec, au Canada, dont la plus grande au monde.
Les Fermes Lufa, ce sont de nombreuses serres et des fermes sur toit dans la région du Québec, au Canada, dont la plus grande au monde.
Pourvoyeuses de produits frais et locaux aux habitants de Montréal, les fermes Lufa ont réussi, en près de dix ans, à relever le défi de faire pousser hors-sol toute une variété de fruits, légumes et plantes, et d'éprouver l'écoresponsabilité en entreprise. Deuxième partie de notre entretien avec Loïc Philibert-Ayotte, en charge de leur coordination extérieure.
Le Canada est souvent loué pour sa capacité à être en phase avec son urbanisme, proposant diverses alternatives à la consommation alimentaire en ville. Pensez-vous que toutes les villes peuvent se lancer dans un modèle d’agriculture urbaine comme le vôtre ?
C’est difficile de répondre. Nous évoquions un modèle à répliquer, mais pas à copier-coller. Notre serre de Laval est différente de celle d’Anjou, etc. À chaque fois, ce sont de nouveaux petits facteurs, de nouveaux paramètres qui font de nouveaux apprentissages… Même si ce sont toutes des serres sur toits de sites industriels qui peuvent sembler similaires, elles sont différentes (en photo, à Saint-Laurent, la plus grande ferme urbaine au monde). On songe actuellement à une expansion en Nouvelle-Angleterre, vers Boston. On continue notre phase de test de modèle avec Boston, car on s’est attaché à regarder les critères démographiques, géographiques, de réseaux mis en place, c’est l’un des endroits les plus similaires aux nôtres.
Je ne pense pas qu’aux Fermes Lufa, on détienne l’expertise pour répondre à cette question, mais une chose est certaine : on voit un futur où dans toutes les villes, il y a des serres sur les toits. C’est pertinent dans des villes du nord de l’Amérique du Nord, où les hivers sont rudes, et où la production est réduite car l’hiver dure la moitié de l’année, et où l’agriculture traditionnelle est en stop total pendant cette période. Pour l’alimentation, on se fie à un modèle d’importation de produits frais. Les serres sur toit qui permettent une production tout au long de l’année sont tout à fait pertinentes pour des zones avec des climats comme les nôtres. Au Québec, nous sommes plutôt chanceux, nous n’avons pas vraiment d’enjeux autour de l’utilisation de l’eau, mais nous l’utilisons de manière judicieuse pour éviter son gaspillage. Je pense au Moyen-Orient où l’accès à l’eau est plus dur, des villes situées dans ces pays pourraient profiter de l’agriculture hors-sol et de l’hydroponie, par exemple. Ce sont des exemples, on pense que toutes les villes sont des terreaux fertiles pour accueillir ce mode d’agriculture.
cultivez-vous des plants de tous les fruits et légumes ? Ou êtes-vous vigilants sur le cours des saisons ?
Nous faisons pousser des fruits et légumes tout au long de l’année, nous faisons nos rotations de cultures. Même avec une production en serre, un plant sera forcément moins productif en hiver qu’en été, cela étant dit, le type de culture que nous faisons hors sol ne nécessite pas de culture en jachère. Nous offrons des tomates, des laitues à l’année, mais nous faisons de la production en serre, nous sommes de fait moins soumis à la saisonnalité. Mais cela ne change pas grand-chose à l’impact écologique. Mais au niveau de nos centaines de partenaires, nous nous fions bien sûr à la saisonnalité, on ne vend pas d’asperge toute l’année bien entendu. Ces partenariats sont importants, car ils font partie de notre objectif de base, celui de bâtir ce nouveau système alimentaire et on ne peut le faire seul. On doit avoir une belle variété de produits, il faut que ce soit riche et varié mais il faut que cela soit durable. La saisonnalité sera nettement plus axée sur nos partenaires.
Les Fermes Lufa se distinguent par leur succès, leur envergure. Combien de personnes nourrissez-vous à ce jour ?
Nous avons la capacité de nourrir 2% de la population de Montréal. Notre croissance a connu une accélération grâce à la pandémie, la demande pour des produits livrés et locaux a augmenté. On a dû mettre les bouchées doubles pour pouvoir satisfaire les demandes. À ce jour, on est un peu mieux positionné, même si une croissance aussi rapide amène son lot de défis. On est prêts à les relever sans compromettre la qualité de nos produits et de nos engagements en durabilité.
Propos recueillis par Hannah Benayoun