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« Père Aïtor, raconte-nous des histoires… »

Le 26 novembre 2023

En attendant le marchand de sable, on picore des morceaux d’histoire de la gastronomie dans le super essai-bd d’Aïtor Alfonso et de Jul, paru jeudi dernier. 

En attendant le marchand de sable, on picore des morceaux d’histoire de la gastronomie dans le super essai-bd d’Aïtor Alfonso et de Jul, paru jeudi dernier. 

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Ces deux-là ne pouvaient que faire des choses folles ensemble. Au moins une (voire d’autres, vu le « Volume I » indiqué en couverture) : la Faim de l’histoire, en librairies depuis jeudi dernier, publié par Dargaud. Agrégés, férus d’histoire(s) et d’acrobaties langagières, drôles et sachants savants avant tout, Jul, le dessinateur, et Aïtor, le ludion multitask, tantôt prof en prépa, tantôt MC de scène de festival Sirha Omnivore ou critique gastro ici ou ailleurs, tiennent une bonne gâche dans la fournée littéraire d’automne sur les tables des librairies.

En définitive, les deux auteurs sont fondamentalement darwiniens (magnifique chapitre intitulé « Théorie de la dégustation des espèces ») si on part du principe que, tout comme le naturaliste glouton anglais, ils pensent, racontent et dessinent avec appétit la gourmandise, qui « est à la nourriture ce que la curiosité est au savoir » : une ouverture au monde.

De l’un, on aime tout ce qu’on a pu lire, surtout Platon Lagaffe, de l’autre, on finit toujours par rire de ses jeux de mots qu’il dégaine naturellement comme d’autres ont le hoquet. Ainsi, peu surpris nous sommes des en-têtes de chapitres évocateurs, assortis d’une chute en rappel. Au débotté : « Finis ton ascète », consacré à l'Inde, qui se termine par « plus on est de fous, plus on curry ». Mais on a ri. Et beaucoup appris. Car l’album entier voyage dans le temps et le monde entier, avec les Aztèques, les Poilus, les Vikings, les samouraïs ou les sorcières, pour nourrir l’histoire du manger, et regorge d’anecdotes et de précisions. Sur les derniers repas, celui, mythique, de Jésus, et celui, figé à tout jamais, des Pompéiens. Sur les psychédélices de Woodstock ou dans les cuisines de Catering Médicis, voire dans l’espace avec l’opération corned-beef de John Young à bord de Gemini 3…
« Et pour venir à bout d’un fou rire, elle [Hildegarde de Bingen et sa bouille d’abbesse, ndlr] préconise de la noix de muscade et du sucre à mettre dans du vin chaud. » C'est de saison.

Audrey Vacher/ © Dargaud 

La Faim de l'histoire - Volume 1
Scénario d’Aïtor Alfonso, dessins de Jul
Hors Collection Dargaud (2023), 22 €

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