Les Petites Cantines : un laboratoire de lien social à table
Futur(e)s Food célèbre sa 3e édition avec toujours la même ambition : récompenser des entrepreneurs novateurs et engagés qui réinventent notre façon de s’alimenter face aux enjeux économiques et climatiques. Sur les 225 projets au départ, ce nouveau cru en a primé six, jugés exemplaires dans des domaines très éclectiques et innovants.
Futur(e)s Food célèbre sa 3e édition avec toujours la même ambition : récompenser des entrepreneurs novateurs et engagés qui réinventent notre façon de s’alimenter face aux enjeux économiques et climatiques. Sur les 225 projets au départ, ce nouveau cru en a primé six, jugés exemplaires dans des domaines très éclectiques et innovants.
Dans une société où l’on peine parfois à se rencontrer, comment réinventer la table comme moteur de lien social ? C’est le défi que relève Les Petites Cantines, un concept imaginé pour reconnecter les gens, nourrir les âmes et renforcer la confiance. L’idée a germé dans l’esprit de Diane Dupré la Tour, sa cofondatrice, après un accident de vie. "J’avais perdu mes repères et besoin de recréer du lien autour de moi", confie-t-elle. Ce projet, d’abord personnel, s’est transformé en véritable aventure collective.
Derrière chaque repas servi, il y a bien plus qu’une assiette: Les Petites Cantines encouragent une alimentation respectueuse, locale et consciente. "Nourrir, ce n’est pas que le contenu de l’assiette, c’est aussi les relations qu’on bâtit", insiste la cofondatrice. Ici, l’alimentation est un outil de résilience sociale. En utilisant des ingrédients locaux, souvent identifiés par les habitants eux-mêmes, Les Petites Cantines créent un véritable maillage local et rappellent l’importance de notre "capital alimentaire", indispensable pour faire face aux crises d’aujourd’hui et de demain.
Dans chaque cantine, les convives sont invités à passer derrière les fourneaux, à éplucher, mijoter et partager le repas ensemble. C’est ce côté participatif qui rend l’expérience unique. Avant de manger, on cuisine ensemble ; c’est là que la magie opère, que les barrières tombent et que la confiance en soi se construit, sans même qu’on s’en rende compte. "La confiance en soi, c’est essentiel, mais la confiance en l’autre l’est tout autant. La table, c’est un moyen de se redécouvrir, de voir au-delà des rôles sociaux", explique Diane, émue, cofondatrice avec Étienne Thouvenot. Ici, chacun contribue, que ce soit en coupant le pain ou en partageant un sourire, et certains y ont même retrouvé un emploi. Les Petites Cantines, c’est un incubateur de lien social, un lieu où l’on "se fait des amis pour la vie, parfois en pleurant de joie, simplement parce qu’on a été applaudi pour la première fois."
Mais le plus audacieux dans ce modèle? Le prix libre. Chaque convive donne selon ses moyens, une invitation à la solidarité, sous-tendue par une règle d’or: le respect de chacun. "La transparence sur les coûts et les règles du jeu assure que tout le monde participe équitablement", explique Diane Dupré la Tour. Cette structure de prix permet à tout un chacun de pousser la porte des Petites Cantines sans barrière financière.
L’entraide au cœur du réseau
Depuis l’ouverture de la première cantine à Lyon en 2016, le réseau s’est développé avec un modèle de franchise sociale unique: chaque nouvelle cantine est une association indépendante, mais toutes partagent le même ADN et les mêmes valeurs. L’entraide est au cœur du réseau: quand une cantine traverse une période difficile, les autres se mobilisent. Cette solidarité fait vivre et grandir ce projet ambitieux qui vise bien plus qu’à nourrir des ventres, mais à renforcer la cohésion sociale dans chaque quartier.
Lauréate du prix Futur(e)s Food dans la catégorie "Solidaire", Les Petites Cantines poursuivent leur expansion et leur mission de tisser du lien social. Ce prix est une opportunité pour attirer de nouveaux partenaires et renforcer le réseau. "Ce soutien est vital pour continuer à développer de nouvelles cantines et explorer des pistes d’innovation sociale", souligne la fondatrice. À terme, l’objectif est simple mais ambitieux : donner envie à chacun de pousser la porte d’une "petite cantine", de s’asseoir, de partager et de repartir plus confiant.
Par Alice Polack et Jean-Pierre Montanay