Racheté successivement par Gorillas puis Getir en 2022, Frichti a été placé en redressement judiciaire au printemps dernier et repris fin septembre par la Belle Vie.
Il a fallu sortir 480 000 € pour sauver Frichti. Et c’est la start up française La Belle Vie, spécialiste français de l’e-commerce alimentaire qui a abandonné le quick commerce l’an dernier, qui a convaincu le tribunal de Paris.
« Nous sommes heureux de reprendre des confrères que nous respectons énormément, expliquait Paul Lê, cofondateur de la Belle Vie, au Figaro, fin septembre. Frichti est une marque iconique, qui a su s'entourer d'un grand nombre de fournisseurs artisanaux. Ils nous apportent la magie de leur marque, nous leur apportons notre savoir-faire logistique… Nous allons abandonner le modèle actuel de quick commerce qui a montré ses limites et privilégier une livraison un peu plus lente basée sur des tournées. Les allées et retours à partir d'un dark store ne sont plus d'actualité », précisait même Alban Wienkoop, cofondateur de la Belle Vie.
Recentrer l'activité
La Belle Vie, une des rares entreprises qui gagnent à nouveau de l’argent, prévoit 66,5 millions d’euros de chiffre d’affaires cette année - dont 9,8 millions avec Frichti -, soit 30% de plus qu’en 2022. L’entreprise d’e-commerce alimentaire et son offre de 25 000 références a déjà amorcé le virage de Frichti en créant Frichti Market et la Halle fin septembre, en annonçant recentrer l’activité de la marque en Ile-de-France. Une activité qui sera orientée vers les livraisons en entreprises, à partir de l’unique entrepôt de la Belle Vie (4700 m² dans le XIIe parisien, et 1300 m² de labo à Montreuil). L’offre Frichti sera enrichie, avec 6000 références disponibles au catalogue pour les courses en ligne, et l’ambition est de développer son implantation dans les entreprises (en version quick commerce, Frichti livrait 1600 entreprises par semaine) avec ses concepts La Cafèt et les cantines virtuelles déjà installées dans 14 structures. En revanche, les antennes régionales de Lyon, Bordeaux, Nantes, Lille, Aix-en-Provence, Grenoble et Toulouse ainsi que leurs services de livraisons de repas vont fermer, laissant sur le carreau quelque 200 employés.
AV
Flink, repris de justesse
Implanté en France depuis deux ans, Flink a été créé en 2020 par des experts de la logistique et de la distribution. La maison mère allemande, qui a atteint les 400 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022 a « décidé de quitter le marché français pour des motifs essentiellement réglementaires », a expliqué sa direction. En clair : les effets dévastateurs du décret du 24 mars 2023, par lequel les dark stores ne sont plus considérés comme des commerces à part entière, mais comme des entrepôts, donnant aux maires toute latitude pour approuver ou non l’implantation de nouveaux dark stores dans leur commune.
Les repreneurs, le directeur de feu Flink France et Yassir, l’Uber algérien, ont engagé 5,4 millions d'euros, comprenant le prix d'acquisition de Flink France d'environ 500 000 euros, et souhaitent recentrer l'activité « sur les sites les plus opérationnels » et « massifier les volumes ». Ils conservent ainsi 14 des 19 sites qui permettent cette livraison express de courses à domicile, à Paris, Lyon, Lille, Marseille, Montpellier, Nice, Bordeaux, Toulouse et Nantes. Ce qui porte à 270 le nombre de salariés « sauvés », sur 480.