Beyond Meat s’écroule, l'alternative végétale française en pleine forme
Le géant du burger végétal ne plaît plus outre-Atlantique et Beyond Meat titube. Cependant, la France continue de voir ses licornes lever des millions. Explications.
Nous sommes en 2013, et les foyers américains font leurs courses chez Whole Foods. Rien ne change dans ces rayons quotidiennement sur approvisionnés, à la différence qu’un petit nouveau s’est glissé au rayon végétal. Beyond Meat. C’est en 2009 qu’Ethan Brown rêve simili carné, imagine une viande alternative au goût inimitable, enfin si, plutôt, qui imiteraient le goût de la viande grillée à la perfection, sans utiliser une once de protéine animale. Ethan Brown commence à s’entourer d’universitaires pour créer des filets de poulet, à base d’isolats de pois ou de protéines de soja. Le succès est au rendez-vous. En 2014, l’ascension continue, Beyond Meat créé ses fameuses Beasts, des pâtons de viande végétale destinés à orner les burgers vendus aux matchs des Mets à New York. C’est le carton total.
Juillet 2023, dix ans ont passé. Beyond Meat s’effondre en Bourse. La marque perd 30 % de son CA. Dans le journal L’Opinion, on peut lire : « Une déception boursière cuisante pour Beyond Meat, introduite en mai 2019 à 60 dollars, et dont l’action avait d’abord flambé, culminant à plus de 200 dollars quelques mois plus tard. Elle vaut aujourd’hui 13 dollars, après deux ans de baisse ininterrompue. » Les explications ? Trop cher, trop compliqué de s’approvisionner, une inflation qui n’en finit plus, les Américains sont tout simplement revenus à la viande. Beyond Meat s’est sûrement heurté aux embouteillages de marques alternatives qui ont sûrement fait plus, plus vite, peut-être meilleur.
La Vie, HappyVore, UMIAMI, ces entreprises qui décollent
En France, le marché de produits végétaux grossit. Les Français ne sont pas les plus gros consommateurs de produits dits alternatifs, et la population française continue d'entretenir son attachement aux plats carnés, et sa consommation de viande a même augmenté en 2022. Pourtant, les entreprises productrices d'alternatives n'ont jamais été aussi en forme. En octobre 2023, la foodtech UMIAMI annonce son nouveau tour de table dans un communiqué de presse, annonçant une levée de fonds de 32 millions d'euros. L'entreprise précise : « Après le succès de son pilote industriel en Île-de-France, Umiami vise à devenir le leader mondial de son secteur avec sa nouvelle usine à Duppigheim, en Alsace. »
Doté d'une capacité de production de 7 500 tonnes par ligne de production, la foodtech vise à la porter à 20 000 tonnes par an à moyen terme. Soutenue par l’Etat à travers le plan « France 2030 », et par des investisseurs de premier rang, l’entreprise affirme son engagement pour la réindustrialisation du territoire et la création d'emplois locaux. En parallèle, elle investit dans l'innovation grâce à son centre de recherche et développement, « prévoyant de lancer de nouveaux produits sur le marché » .
Toujours durant cette rentrée, La Vie sort son burger dédié à la livraison et même son premier restaurant digital. Ces entreprises, agiles, arrivent à occuper plusieurs terrains du food service pour organiser l'implantation de l'alternative végétale en France. L'ambition de La Vie et de Taster n'est pas timorée : « Des burgers vegan dédiés à la livraison pour convertir internet au flexitarisme ». La cible ? Essentiellement la GenZ, qui commande beaucoup, essentiellement en ligne. La Vie n'a rien à envier à Umiami, l'entreprise spécialisée en charcuterie végétale a réussi à s'implanter dans 4600 magasins et plus de 3000 restaurants en Europe. Un emballement financier pour ces entreprises qui peut s'expliquer de plusieurs façons. La France est le pays où le végétarisme est le moins implanté en Europe. Pourtant, les Français ont montré un intérêt quant au traitement de certains élevages, ou le besoin de consommer moins de viande pour varier leur alimentation, voire, tout simplement modifier leur panier de courses. Une part des Français ne chercherait donc pas forcément à modifier leur régime alimentaire mais à le varier par le biais de ces nouvelles enseignes.
En tout cas, le marché de l'alimentation végétale se porte très bien en France. Boursorama rappelle dans son article du 11 octobre que l'institut Xerfi Precepta estime le marché à près de 470 millions d'euros pour 2023, un chiffre important qui installe durablement le végétal dans le panier de courses des Français, qui devient un réel acte d'achat. Alors que les États-Unis reconsidèrent ce modèle, les entreprises françaises spécialisées devraient continuer sur leur lancée.
HB / ©Alex Gallosi