Le Royaume Uni n’échappe pas au marasme ambiant, affichant une inflation galopante à deux chiffres encore en février.
Rien ne va plus au royaume de sa Majesté, dans le sillage du Brexit. Plus de légumes, plus de fruits, plus de travailleurs étrangers, plus de reine, et même plus d'équipe nationale de rugby, oserait-on, après l’historique déculottée, 53-10, prise par l’Angleterre à Twickenham face au quinze de France lors du Tournoi des Six Nations. L'inflation est repartie à la hausse à 10,4% en février au Royaume Uni contre 10,1% en janvier, tirée notamment par les prix de l'alimentation et des vêtements. Les prix de l'alcool en hausse dans les pubs et restaurants ont largement contribué à ce rebond, tout comme l'alimentation et les boissons non alcoolisées, qui ont grimpé au rythme le plus rapide depuis plus de quarante-cinq ans, selon les économistes locaux.
+17% sur la facture alimentaire de février
L’inflation annuelle sur les produits alimentaires a grimpé à 13,3% en décembre, contre 12,4% en novembre, selon l’organisme commercial British Retail Consortium (BRC), qui enregistrait là le taux mensuel le plus élevé depuis qu’il a commencé à collecter des données en 2005. Pis, sur les quatre dernières semaines, l’inflation alimentaire est grimpée en février à +17%. Parallèlement, le panéliste Kantar estime qu’un quart des ménages britanniques font actuellement face à des factures alimentaires et énergétiques si élevées, que certains sautent des repas ou réduisent drastiquement leurs achats alimentaires et renoncent à se chauffer.
Le dérèglement climatique, surtout les épisodes de sécheresse sans précédent que connaît l’Europe, conjugué aux effets du Brexit, ont provoqué par effet domino une pénurie de légumes et entraîné un rationnement dans les supermarchés (pas plus de 3 tomates/poivrons/concombres par personne !), le pays important entre 90 et 95% de ses légumes d’Espagne et d’Afrique du Nord, particulièrement meurtris par la sécheresse. « Bah, mangez des navets ! » avait alors intimé Therese Coffey, ministre de l’Environnement. Si elle a totalement raison de prôner le « consommer local et de saison », le message est tout de même mal passé auprès des travailleurs, embarqués dans des grèves de masse ces derniers mois pour réclamer des mesures sur les salaires et les conditions de travail.
La pression énergétique, qui devrait s’aggraver en avril en raison d'une diminution des aides gouvernementales, ne va pas diminuer le stress de 13,4% des ménages britanniques, soit 3,26 millions de personnes en situation de précarité énergétique en 2022. Pis, cette proportion devrait atteindre 14,4% cette année selon le ministère de l’Énergie.
« La première priorité du Premier ministre est de réduire l’inflation de moitié », a récemment déclaré Jeremy Hunt, le ministre des Finances britannique. Reste à trouver comment.
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