Au nom de la sécurité alimentaire, l'Italie a adopté mardi un projet de loi interdisant la production et la vente d'aliments de synthèse, dont la viande artificielle. Les débats sont ouverts.
Mardi soir, le gouvernement italien a adopté un projet de loi qui vise à bannir la production d'aliments de synthèse, dont la viande artificielle dite cellulaire. Par « principe de précaution », d'après le ministre de la Santé Orazio Schillaci, en l'« absence de preuves scientifiques » qui excluraient de « possibles effets nocifs liés à la consommation ». Enfreindre cette législation sera passible de sanctions diverses, dont des amendes allant de 10 000 à 60 000 euros.
Selon Il Sole 24 Ore, média italien d'information économique et financière, le projet de loi, auquel le monde agricole italien adhère, fait également référence au poisson et au lait synthétique. Cependant, « si l'EFSA, l'autorité de sécurité alimentaire de l'Union européenne, devait approuver leur utilisation dans les États membres, en raison des règles communautaires sur la libre circulation des biens et des services, l'Italie ne pourrait pas s'opposer à leur distribution », peut-on lire sur leur site. Pour entrer en vigueur, ce projet de loi devra être adopté dans un délai de deux mois par le Parlement, qui aura la possibilité de le modifier durant ses débats.
La viande cellulaire, ça se discute
Aux États-Unis, où la culture de cellules de poulet est autorisée, le principal argument pro-viande cellulaire reste le bien-être animal. Pour les défenseurs du bien-être animal, la viande cellulaire permettrait de moins abattre, stopper ou, du moins, réduire l'impact environnemental qu'entraîne l'élevage. Comme le précisait Marie-Pierre Ellies Oury (professeure en science animale) à France Inter, il y a « la possibilité d'avoir un impact sur l'environnement et donc de diminuer un effet négatif sur l'environnement qui est généralement reproché à l'élevage ». Néanmoins, elle précise que l'on n'est pas en capacité actuellement de faire un état des lieux de l'impact environnemental du développement de cette technologie et ainsi de le comparer à l'élevage. Pour d'autres, cette culture permettrait d'éviter le genre de scandales alimentaires vécus en Europe dans les années 2000. Néanmoins, il est encore difficile de trouver un véritable corpus déontologique et éthique autour de la viande cultivée, sujet à débat partout dans le monde (modèle peu naturel, artificialisation du vivant, disruption de la biodiversité…). À ce jour, la France a fait de la place à la culture de protéines alternatives comme le projet Ynsect, considéré comme très prometteur.
HB
© Rickie Tom Schunemann