En rade d’idées cadeaux et à la bourre ? Filez chez votre libraire. Voici quatre ouvrages à glisser sous le sapin, les yeux fermés. Et Joyeux Noël avec ça.
Pour les amateurs de vin
Mille Vignes
Vous avez déjà offert Le Vin en question, de Jules Chauvet, Skin Contact d’Alice Feiring, les Ignorants, d’Étienne Davodeau, les 44 tomes des Gouttes de Dieu de Tadashi Agi et Shu Okimoto, ou le Vin, par ceux qui font pour ceux qui le boivent, de Sylvie Augereau ? Vous allez encore briller avec celui-ci. Ok, faut sortir 45 euros, mais, croyez-nous sur parole, ça les vaut.
« Mile Vignes est, je crois, un livre un peu unique en son genre », énonce Pascaline Lepeltier, Meilleure Ouvrière et Sommelière de France, en préambule de sa somme de 360 pages, qu’on peut lire en choisissant n’importe quelle entrée du sommaire sans se perdre. On plussoie, d’autant que Pascaline Lepeltier n’est pas vantarde, elle a simplement (magistralement même) écrit le livre qu’elle n’avait pas encore lu sur le vin. L’étudiante en philosophie qu’elle a été n’a pas perdu ses réflexes : déconstruire les préjugés par l’expérience et trouver les clés pour décrypter les enjeux de « l’une des plus belles créations de l’humanité », « artefact pour lequel le génie humain a développé des miracles d’ingéniosité ».
Cartes, schémas, infographies, illustrations, une construction maligne, une écriture d’une érudition et d’une concision folle, et une bibliographie précieuse, font de Mille Vignes un ouvrage indispensable, extrêmement lisible, sur la vigne et le vin, que vous touchiez votre bille en raisin ou que vous n’y connaissiez rien ou pas grand-chose. Ce n’est pas fait pour plastronner [mais on peut si on articule bien son propos, ça changera des bastons politiques, sportives… (fill in the blanks) aux repas des fêtes], mais bien pour se coucher moins bête, plus riche. Et goûter mieux. Car le vin de demain sera celui que réclamera le palais. Mieux vaut donc l'éduquer correctement.
Pour les becs sucrés
Cake
Des cakes comme ceux que partage Jean Sulpice dans son dernier ouvrage, vous n’en trouverez pas sur la toile. Cake recense 50 recettes inédites de l’athlétique chef de l’Auberge du Père Bise, à Annecy. Salé ou sucré, « le cake est un terrain de jeux infinis », écrit le chef, qui confesse avoir abordé ce livre comme un guide de haute montagne, ouvreur de chemins qu’on ne connaît pas. À la poêle, au four vapeur, à l’appareil à croque-monsieur (pour un cake-monsieur, cela va de soi) ou au gaufrier (gaufre cake), avec des ingrédients surprenants (les herbes sauvages, le safran, les écrevisses du lac, la charcuterie…) les cakes de Jean Sulpice emmènent loin et haut. Du cake vapeur à la livèche au cocktail cake rhum-banane, en passant par un gratin de cake aux fruits confits ou l’étonnant cake grand-mère, version sucrée d’un pâté-croûte, cet ouvrage, tout juste récompensé du Prix Champagne Collet du Livre de Pâtissier, va en régaler plus d’un.e. Pour une raison supplémentaire : les superbes photos de Franck Juéry, qu’à Omnivore, on adore.
Pour toutes et tous
Tiens, goûte !
Des bulles – ça tombe bien, c’est de saison – d’un autre genre ici. Une bande cuisinée, comme le vend bien le sous-titre. C’est l’histoire de Tiphaine de Cointet, dessinatrice, qui ne savait pas cuisiner, qui croise la route de Chloé Charles, cuisinière libre comme l’air à Lago, engagée pour le bien manger (soit le bon, fait avec du bon sens), drôle comme c’est pas permis. Pour le grand public, Chloé Charles, c’est la grande pétulante au rire viral flashée à Top Chef, qui a bien fait rire avec son « handicap » dressage que rattrapait toujours son sens et son exigence du goût. C’est surtout une « bête de cuisinière » comme dit la Gen Z, qui aime avant tout nourrir les gens, faire des bocaux en bonne reine du zéro-déchet, exploratrice inlassable du placard, sa source d’inspiration permanente. C’est drôle et malin et, sans que vous ne vous en rendiez compte, onze chapitres plus loin, vous aurez fait le plein de recettes savoureuses. Vos abdos en revanche vont sentir passer les cases et les pages, car cette bande cuisinée est fondamentalement drôle.
Pour les papas, from Canada
Merci Papa !
Drôle aussi que ce Merci Papa ! - Recettes infaillibles pour pères (im)parfaits, de Maxime Couture, Québécois gourmand qui verse dans la communication quand il n’est pas occupé à nourrir Arnaud et Romane, ses enfants, ses challenges quotidiens depuis une dizaine d’années maintenant. L’auteur saupoudre recettes ultra pratiques, réalisables, et leçons de paternité reçues en cuisine avec cet humour canadien qui se loupe rarement, pour au final donner à l’imparfait les trucs et astuces qu’il aurait aimé avoir eu quand Arnaud et Romane ont eu l’âge de se mettre à table, avec ou sans couverts. L’éditeur rassure, « aucun enfant n’a été forcé de finir son assiette pour les besoins de ce livre ». On ne voit pas comment cracher sur le Pouletronni (poulet, pepperoni, pâtes… voyez ?), la poutine de cantine ou le « BLT lendemain de brosse » (traduire : sandwich bacon, laitue, tomate avec les restes de cochon croustillant de la veille en remède gueule de bois).
Audrey Vacher