Dans les caves du domaine Bonnard dans l’Ain, l’association Le Tour des Terroirs inaugurait ses déjeuners insolites, sur sites agricoles, concoctés par des chefs détendus du dimanche.
La température est fraîche mais les lunettes de soleil sont de sortie en ce dimanche de fin d’hiver plus ou moins frigorifiant. Ne pas se laisser plomber par le paysage de ce Bugey comme gelé, pelé dans une chape d’hiver, et se laisser guider par les éclats de rire qui mènent au lieu du premier déjeuner insolite de l’association Tour des Terroirs, 250 adhérents ce jour qu'Élise Grandidier, fondatrice de l’association, s’applique à accompagner au quotidien avec sa complice Claire Lamy.
« L’idée est de réunir amateurs de gastronomie, artisans et professionnels de la restauration autour d’un moment convivial où le bien manger et bien boire sont les maîtres mots », nous explique Élise. De fait, Maxime Laurenson (Rustique, Lyon), Romain Hubert (L’Émulsion, Saint-Alban-de-Roche), Bastien Depietri (Bistrot Abel, Lyon) et les frères Dorner (Lyon) étaient les maîtres à manger de ce déjeuner ; et les maîtres à boire recevaient à domicile. « On a décidé de lancer ce premier événement chez nos adhérents vignerons Anne-Sophie et Romain Bonnard, poursuit Élise, car ils sont très impliqués dans l’association. Romain est un hyperactif qui a toujours envie de réunir et de faire plaisir. Nous avions déjà réalisé une journée adhérents chez eux avec une quarantaine de chefs et producteurs adhérents participants et nous avions passé un moment incroyable ». Nous sommes là à Crept, hameau de Seillonnaz où la jeune génération Bonnard exploite et vinifie le fruit des vignes de mondeuse, pinot noir, altesse, chardonnay et gamay, plantées sur les coteaux abrupts et superbes de Montagnieu.
Dans leur cave, sur un chemin de table ponctué des œuvres de la céramiste Isabelle Poupinel et de vaisselle Revol, se sont succédé du pâté-croûte de différentes volailles de Florent Teuma par Bastien Depietri, de la carotte, céleri de Romain Hubert sublimés par le safran de Stéphanie Sablé, les escargots de Philippe Héritier par Maxime Laurenson, qui en 4 mains avec Romain Hubert a cuisiné des pigeons de Mélanie François au feu dehors. Puis les frères Dorner ont sorti les chalumeaux pour dresser leurs pré-dessert inspiré de la vigne hôte, et dessert tout en gourmandise et légèreté dont la longueur en bouche du crémeux de foin fut servie par les serpolette et autre sapinette de Maison 16, cueilleurs-distillateurs vivifiants.
Le prochain événement se fera « très certainement » en Provence, en mai. « Nous nous lancerons à la recherche de partenaires locaux pour que les prochaines étapes soient accessibles à un tarif attractif (150 euros pour le 6 mains avec accords de la maison Bonnard, ndlr). Nous aimerions également coupler ces déjeuners à des marchés de producteurs et nous continuons parallèlement nos autres actions éditoriales et événementielles déjà mises en route pour accompagner au quotidien notre communauté d’acteurs. »
Qui a dit que la restauration souffrait d’un covid long ? Des îlots de vitalité subsistent, l'association comptant bien s'ouvrir aux cavistes et épiceries fines en 2022, et c’est bienvenu.
A. Vacher
© Florian Domergue