Philibert Chambre : la voix de la bouffe
Études d’ingénieur, école de commerce: voilà Philibert Chambre au pôle marketing et communication du groupe LVMH. Au sein de la branche vins et spiritueux, il médiatise cognac et champagne, et monte pour la marque Krug® ses premiers évènements: "Krug en capitale", un restaurant éphémère animé par le chef Emmanuel Renaut à la Samaritaine. Après 8 années de collaboration, il quitte le groupe LVMH pour créer "Maison de Savoie" à Paris. Un lieu de vie dédié à la Savoie et à la Haute Savoie, proposant les meilleurs produits en direct des producteurs.
Études d’ingénieur, école de commerce: voilà Philibert Chambre au pôle marketing et communication du groupe LVMH. Au sein de la branche vins et spiritueux, il médiatise cognac et champagne, et monte pour la marque Krug® ses premiers évènements: "Krug en capitale", un restaurant éphémère animé par le chef Emmanuel Renaut à la Samaritaine. Après 8 années de collaboration, il quitte le groupe LVMH pour créer "Maison de Savoie" à Paris. Un lieu de vie dédié à la Savoie et à la Haute Savoie, proposant les meilleurs produits en direct des producteurs.
Comment est né Business of Bouffe ?
Après 4 années de Maison de Savoie, identifié comme un entrepreneur qui «essaie de faire bouger les lignes», j’ai créé une activité de conseil dans «la bouffe» et j’ai commencé à accompagner des petites structures, puis des plus grosses. Mais je me suis vite rendu compte que je ne savais pas très bien me vendre. En revanche, en bon marketeur, j’ai cherché à créer quelque chose pour me faire connaître et m’amener de nouveaux clients. Nous sommes en 2019, et avec mon associé de l’époque on écoute des podcasts… Ce sont les débuts en France, mais aux Etats-Unis, ce format commence à cartonner. Nous nous sommes donc dit que cela arriverait en France. Et c’est le souvenir d’un échange hyper intéressant avec le fondateur de Biocoop qui m’a convaincu de créer un podcast pour partager ce genre d’entretien inspirant. Sur une idée de mon associé, en référence au média américain «Business of fashion» qui décortiquait la mode, nous avons eu l’idée de l’appeler Business of bouffe. Je cuisinais peu, je ne me voyais donc pas adopter un angle recette. L’angle business convenait parfaitement.
Comment expliquez-vous votre succès ?
Nous avons fait le choix du temps long. Certes un peu risqué au départ car on pouvait se demander qui allait écouter des interviews de 2 heures. Mais dans un paysage concurrentiel, où les médias traditionnels ne pouvaient pas sortir ce type d’interviews, nous avons fait ce pari, avec la conviction qu’il fallait proposer un contenu original. Je ne suis pas journaliste de formation, mais je suis hyper curieux, et j’ai le souci de la qualité. Je travaille par conséquent énormément mes interviews en amont, et je pense savoir créer du rythme, en évitant les temps morts. L’attention portée aux invités fait le reste. Le format initial n’a ainsi quasiment pas bougé depuis 5 ans.
À quel moment le podcast se lance-t-il vraiment ?
Nous avons démarré fin 2019, à l’arrivée du Covid, qui a mis à l’arrêt notre activité de conseil. Nous étions confinés, sans savoir quoi faire, et de leur côté, les professionnels, épiciers, chefs, grossistes, restaurateurs, qui avaient dû réinventer leur métier rêvaient de prendre la parole. Nous avons donc trouvé une technologie pour enregistrer à distance, et pendant les 2 mois de confinement, nous avons produit un épisode par jour ouvré. En face, nous avions un public qui disposait de temps pour nous écouter… À la sortie du confinement, nous étions le premier podcast food indépendant en France.
Combien d’écoutes cumulez-vous aujourd’hui ?
L’avantage du podcast est qu’il fonctionne dans le temps. Nos interviews sont intemporelles et peuvent donc s’écouter sur le long terme. Les écoutes évoluent donc régulièrement, mais en moyenne, un podcast de Business of bouffe, est écouté entre 10 000 et 15 000 fois. Je ne touche pas des millions de personnes, mais avec à peu près 30 000 abonnés sur toutes les plateformes audios, j’ai un engagement de 50%, ce qui est énorme au regard des statistiques des réseaux sociaux où les taux sont de 3%. Nos auditeurs sont des entrepreneurs, des chefs, des restaurateurs au sens large, et des agriculteurs. C’est donc une audience de qualité pour les annonceurs.
Quel est votre modèle économique puisqu’on parle business ?
Comme les médias classiques, je fais payer des annonceurs que mon audience intéresse. Le format podcast crée un réel engouement du public et c’est l’un des médias qui crée le plus d’engagement. Il s’agit donc de publicité directe, auquel j’ajoute du sponsoring, en imaginant des contenus diffusés et financés par un partenaire. Comme avec la filière laitière et le podcast «France terre de lait» dont nous avons réalisé deux saisons, soit dix-huit épisodes.
Qu’est-ce qui vous plaît dans cet exercice du podcast ?
J’apprends énormément. J’adore l’histoire avec un grand H, et ça me passionne de découvrir les gens, de les faire parler, de comprendre qui ils sont. Les expériences des autres sont riches d’enseignements. On découvre souvent que les périodes d’échec sont finalement le terreau de belles réussites. Écouter ces histoires me permet ainsi de changer ma perception. Avec le temps, j’ai étoffé mon carnet d’adresse, et j’ai eu la chance de créer des liens avec des très grands chefs, de très grands entrepreneurs. Ça, c’est génial.
Maturité
Aujourd’hui, j’arrive à un point de maturité, mon défi est donc d’augmenter mon nombre de téléchargements par épisode et de faire grossir mon audience pour avoir plus d’impact. Mais pour cela je ne veux pas produire deux fois plus d’émissions par mois, ce ne serait pas plus rentable. Pour moi, le vrai levier de croissance, c’est réfléchir à toucher plus de monde, en créant par exemple une émission secondaire qui aurait plus d’impact sur le podcast principal.
REVOIR PARIS
Pour développer Business of Bouffe, je quitte Annecy pour revenir habiter Paris. Je veux m’entourer, et créer des événements. Car l’année dernière, une boîte de prod m’a proposé de mettre Business of bouffe «sur scène». J’avais la volonté de sortir l’audio de son format, j’ai donc accepté. Et nous avons enregistré un épisode dans un théâtre du 18e arrondissement de Paris. L’expérience fut telle que je veux réitérer en 2025. J’aimerais organiser l’enregistrement de podcasts en public, mais cette fois-ci en permettant au public présent d’interagir et de poser eux-mêmes des questions à l’invité.
L’autre podcast…
Les baladeurs, (Les Others), c’est un très bon podcast, parce qu’il n’y a pas que la bouffe dans la vie! J’adore ces récits d’aventures en pleine nature.
MES TROIS TABLES FETICHES
Le Boomer
14 rue Sommelier
74000 Annecy
Alaïa Café
4 rue de Budapest
44000 Nantes
L’Arpège
84 rue de Varenne
75007 Paris
LE LIVRE DE L’ANNEE
Monte-Cristo
Alexandre Dumas
Je suis un mec qui court partout, je n’ai par conséquent pas le temps que j’aimerais pour lire, mais le dernier en date est Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas.
Par r Christophe Jeanjoseph