Le manque d'eau, les chaleurs ont assommé les floraisons. Des régions françaises comme le Lot crient à la situation critique pour l'apiculture hexagonale.
En 2021, le printemps pluvieux avait déjà compromis les récoltes de miel. L'année 2022 et ses chaleurs insoutenables, les dérèglements continuels du climat ont résolument déstabilisé les cheptels apiaires français. Une grande inquiétude naît chez les apiculteurs qui appellent le gouvernement à leur venir en aide. Concrètement ? Les abeilles sont fatiguées : moins de floraisons, moins de travail, moins à manger et des reines qui peinent à être fécondes et lâchent prise. Les ruches disparaissent de plus en plus et les apiculteurs peuvent faire une croix sur au moins une ruche sur deux en 2022. Les chaleurs annoncées ne peuvent être que fatales pour ces pollinisatrices qui périclitent dès les 39° C.
L'aspect sanitaire dans le viseur
Les chiffres de l'apiculture de 2022 sont catastrophiques. Des zones entières n'ont pas pu mener leur récolte à temps comme le Lot, le Pays Catalan, la Région Pyrénées au global. D'après La Dépêche, le Lot compte 30 % d'abeilles en moins pour cette année, un nombre qui ne surprend pas, car leur décès est une conséquence des diverses pollinisations mises en échec depuis 2022. D'après l'Indépendant, des apiculteurs de Pyrénées-Orientales seront prochainement déclarés en calamité agricole à cause des sécheresses dramatiques qui ont littéralement anéanti leurs récoltes. Par ailleurs, le gouvernement a proposé sur son site, l'arsenal de dédommagement pour les apiculteurs pour l'année 2022 suite à son arrêté ministériel du 27 avril 2023. L'arrêté précise que les pertes de récolte sur miel et perte de fonds sur ruches sont considérées comme biens sinistrés et que les départements concernés peuvent se saisir dorénavant de l'arrêté pour obtenir dédommagement.
Vers quels dégâts pour les pollinisateurs ?
Au-delà des sécheresses, les pesticides dits « propres » ont fait leur entrée dans le débat sur la survie des espèces pollinisatrices. Bien que les abeilles soient les espèces les plus endurantes, à la différence des faux-bourdons ou même des guêpes, elles subissent de plein fouet les insectes. Comme l'explique FranceInfo, l'association Pollinis a pointé du doigt que la nouvelle génération de pesticides ciblait au plus près le patrimoine génétique des abeilles : « En menant une analyse bio-informatique comparative entre les séquences génétiques ciblées par 26 produits ARNi avec les séquences génétiques de centaines d’espèces d’insectes pollinisateurs, l’étude met en évidence que plus de la moitié de ces produits pourraient avoir des effets mortels sur 136 espèces de pollinisateurs différents, parmi lesquels l’abeille mellifère européenne (Apis mellifera), le bourdon des prés (Bombus pratorum) ou encore le papillon Belle-Dame (Vanessa cardui), dont certains gènes présentent de fortes similitudes avec ceux des espèces cibles ». Au-delà de ces pesticides qui sont largement rejetés par les protecteurs des pollinisateurs, la perte d'habitat des abeilles et leur fertilité en déclin sont les principaux enjeux pour les années à venir. Allison McAfee, postdoctorante de l'UBC * et de la North Carolina State University précise dans The Conversation rapportée dans l'OBS, que les abeilles savent s'adapter aux changements climatiques, mais que le dôme de chaleur de 2021 a drastiquement abaissé leurs capacités de fertilité. Un baromètre qu'il faudra surveiller de très près.
* UBC (University of British Columbia)
HB / Leandro Fergoni (Unsplash)