Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) rendu public ce jeudi, des traces importantes de résidus de chlorothalonil ont été détectées dans l’eau potable en France.
Le chlorothalonil est l'un des pesticides les plus répandus au monde, utilisé depuis 1970 pour traiter les cultures de céréales, de légumes, de pommes de terre ou encore les vignes. Classé comme « cancérigène supposé » par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) depuis 2018, ce fongicide est interdit en Europe depuis 2019 et en France depuis 2020.
Le laboratoire d’hydrologie de l’Anses mène régulièrement des campagnes pour mesurer, dans l’eau destinée à la consommation humaine, la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers. Leurs données aident à améliorer la connaissance des contaminations des ressources en eaux et des eaux traitées pour la production d’eau du robinet et les programmes de surveillance de la qualité des eaux et évaluer les expositions de la population associées à la consommation d’eau du robinet. Pour la campagne initiée en 2019, 157 pesticides et métabolites de pesticides, 54 résidus d’explosifs, et un solvant : le 1,4-dioxane ont été recherchés. La campagne a permis de collecter plus de 136 000 résultats. Les prélèvements d’eaux brutes et traitées ont été réalisés sur tout le territoire français, y compris dans les territoires d’outre-mer. L’objectif était d’analyser des points de captage d’eau représentant environ 20 % de l’eau distribuée.
L’enseignement majeur concerne le métabolite du chlorothalonil R471811, retrouvé dans plus d’un prélèvement sur deux, et dépassant la limite de qualité dans plus d’un prélèvement sur trois.
💧Nous venons de publier les résultats de notre dernière campagne pour mesurer, dans l’eau destinée à la consommation humaine, la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers.
— Anses (@Anses_fr) April 6, 2023
Qu’est-ce qu’un métabolite ?
Une substance active de produits phytopharmaceutiques, qui se sont dégradées au fil du temps et se sont diffusées dans l'environnement. Le résidu R471811 se retrouve aujourd'hui dans les eaux de surface et les eaux souterraines.
Est-ce dangereux ?
L'Anses le rappelle : un seuil de qualité de l’eau pour les pesticides « ne constitue en aucun cas un seuil de risque pour la santé des consommateurs ». À ce stade et en l’état des connaissance sur ce métabolite, l'autorité sanitaire a préféré classer le R471811 comme « pertinent » par précaution. Mais les métabolites du chlorothalonil n'ont pas d'effets sanitaires avérés sous le seuil de 0,1 µg/L.
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