La Commission Européenne veut valoriser les produits « hors normes »
Ils sont estimés comme disgracieux pour beaucoup de consommateurs et sont jetés par centaines de milliers.
Les fruits et légumes dits hors standards, de par leur esthétique peu rassurante pour certains consommateurs pourraient être exemptés de normes commerciales pour doper leur vente et limiter le gaspillage. En 2023, toujours, certains aliments continuent de ne pas être consommés car trop sombres, biscornus, et sont perpétuellement associés à un fruit ou un légume "peu sain". D'autres, ont un calibre trop intermédiaire, un défaut d'épiderme trop important.
Comme le rappelle Euractiv, seul un seuil de 10 % d'altérité est toléré pour un fruit ou légume. Tous ceux qui ne correspondent pas aux standards imposés à ce jour par le règlement numéro 1308/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013, le fruit ou le légume doit être sain, propre, exempt de parasite. Mais parmi tous ceux-ci, tous ces produits « non conformes » partent pour la transformation industrielle, l'alimentation des animaux ou peuvent être tout simplement jetés pour ne pas dire gaspillés. Pour rappel, le gaspillage alimentaire dans l'Union Européenne atteint des sommets. En 2022, plus de 85 millions de tonnes de denrées ont fini à la poubelle : « Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), environ un tiers de l'ensemble des denrées alimentaires produites dans le monde est perdu ou gaspillé à un stade ou à un autre de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, de la ferme à la table. » La Commission propose donc de réviser ces normes pour encourager leur vente.
Une alternative pour le portefeuille des Européens
Comme le rappelle toujours Euractiv, en Europe, 30 % de ces produits jugés inesthétiques ne seront pas consommés par les populations. A l'heure où l'inflation bat des records, que le portefeuille des Européens peine à se faire une santé, la Commission insiste pour remettre ces produits à la vente. Bien que l'Union Européenne soit déjà revenue sur énormément de normes, celle-ci pourrait être tout à fait intéressante du côté des producteurs, mais aussi des consommateurs.
La Commission défend son argumentaire dans son communiqué de presse du 21 avril dernier : « les fruits et légumes dits « moches » (présentant des défauts externes mais toujours adaptés à la consommation locale/directe) vendus localement et directement par les producteurs aux consommateurs seraient exemptés du respect des normes de commercialisation. Leur valorisation dans leur état « frais » pourrait offrir aux consommateurs davantage de possibilités d'acheter des fruits et légumes frais à des prix plus abordables et bénéficier aux producteurs actifs dans les circuits courts ». Ce choix de remettre en avant les ventes des petits producteurs arrive à point nommé, à un moment où les consommateurs cherchent des alternatives aux hypers. Euractiv rappelle par ailleurs que ces fruits et légumes en disgrâce coûtent entre 30 et 40 % moins chers que les autres.
HB / © Markus Spiske