Danemark : Une taxe sur les émissions des animaux d’élevage, une première mondiale.
Dans un pays où les animaux d’élevage surpassent de loin la population humaine, le Danemark introduit une taxe inédite sur les émissions de méthane des bovins et porcins. Cette initiative vise à réduire l’impact climatique de l’agriculture, tout en offrant des outils et des incitations aux exploitants pour adapter leurs pratiques.
En bref
Le Danemark devient le premier pays au monde à instaurer une taxe sur les émissions de méthane des animaux d’élevage, adoptée par le Parlement en novembre 2024. Cette taxe cible les émissions générées par les flatulences, rots et déjections des bovins et porcins, responsables d’une part importante des gaz à effet de serre. À partir de 2030, les exploitants agricoles devront payer 300 couronnes danoises (environ 43 €) par tonne d’équivalent CO₂ émis, un montant qui doublera d’ici 2035. Cette décision s’inscrit dans une stratégie globale visant à réduire les impacts environnementaux de l’agriculture et à restaurer certaines terres agricoles.
Ce texte met en lumière les enjeux croissants entre exigences environnementales et besoins économiques dans un secteur agricole puissant, où les lobbies restent influents mais où les acteurs commencent à adapter leurs pratiques pour un avenir plus durable.
Ce qu’il faut retenir
• En 2030 : taxe de 43 €/tonne CO₂ équivalent, montant doublé d’ici 2035.
• Près de 60 % des terres danoises sont dédiées à l’agriculture.
• Les agriculteurs recevront des subventions pour adopter des pratiques plus durables (ex. : additifs alimentaires, méthanisation du lisier).
• L’industrie laitière danoise exporte deux tiers de sa production de beurre.
Décryptage et Analyse
Un signal fort pour l’agriculture mondiale : La mise en œuvre d’une telle taxe dans un pays où l’agriculture domine économiquement envoie un message clé : les secteurs traditionnellement épargnés par les contraintes environnementales doivent désormais intégrer ces enjeux dans leur modèle économique. Cela pourrait pousser d’autres nations à adopter des mesures similaires, créant une pression globale pour transformer les systèmes agricoles.
Un laboratoire de transition écologique : Avec des solutions comme les additifs réduisant les émissions de méthane et la méthanisation du lisier, le Danemark se positionne comme un laboratoire d’expérimentation pour une agriculture durable. Les résultats obtenus auront une influence déterminante sur la réplicabilité de ces initiatives dans d’autres pays.
Des conséquences pour la chaîne de valeur alimentaire : Cette taxe pourrait modifier la dynamique entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Une hausse des coûts de production pourrait renforcer la pression sur les marges ou être répercutée sur les consommateurs. À l’inverse, cela pourrait stimuler une consommation accrue de produits à faible empreinte carbone, notamment les protéines végétales.
Un défi pour la souveraineté alimentaire : La réduction des surfaces agricoles, avec des reconversions vers des tourbières ou des cultures pour l’alimentation humaine, soulève la question de l’équilibre entre production locale et dépendance accrue aux importations. Cela pose également des défis logistiques pour les acteurs du foodservice qui dépendent de produits d’origine locale.
Un repositionnement stratégique des exploitants : Les agriculteurs, tout en étant contraints par cette taxe, pourraient y voir une opportunité. La valorisation des produits issus de pratiques durables, associée à une demande croissante pour des produits responsables à l’international, pourrait leur permettre de se différencier sur le marché global.
Opportunité business
Cette taxe ouvre la voie à de nouvelles niches pour les entreprises du F&B. Les acteurs technologiques développant des solutions innovantes pour réduire les émissions animales, les producteurs de substituts végétaux ou encore les entreprises de valorisation des déchets agricoles trouveront des opportunités significatives dans ce nouveau cadre. Pour les restaurateurs, cela pourrait être une occasion de se démarquer en mettant en avant des produits locaux issus de pratiques durables. Toutefois, une vigilance sera nécessaire pour anticiper les impacts sur les prix des matières premières et leurs répercussions sur l’ensemble de la chaîne.
Alice Polack