L’enseigne espagnole Zara, déjà leader dans la fast fashion, fait un pas dans le secteur de la restauration avec l’ouverture de Zacaffè à Madrid et Zara by Castro à Lisbonne. Ce positionnement marque une nouvelle ère où mode et foodservice fusionnent pour offrir une expérience immersive.
En bref
Zara, célèbre pour son innovation dans la mode, se lance dans la restauration avec des cafés intégrés à ses espaces commerciaux. Zacaffè, situé dans le quartier de Salamanca à Madrid, reflète l’architecture néo-mudéjar, tandis que Zara by Castro à Lisbonne célèbre la culture portugaise avec des pastéis de nata artisanaux. Ces ouvertures visent à transformer l’expérience d’achat en un moment de découverte culturelle et culinaire. En adoptant ce modèle, Zara suit les pas d’autres marques comme Dolce & Gabbana ou Gucci, illustrant une tendance forte : la convergence du retail et de la restauration immersive.
Ce qu’il faut retenir
• Zacaffè à Madrid : design inspiré par la Casa Árabe, café torréfié par Waco Coffee (notes caramel et cerise).
• Zara by Castro à Lisbonne : pastelaria signée, collaboration avec Elsa Urquijo Arquitectos.
• Prix : boissons de 2,50 € à 9 €, pâtisseries de 3,50 € à 3,90 €.
• Expansion prévue : Japon, Corée du Sud, et d’autres marchés stratégiques.
Décryptage et analyse
Une démocratisation du modèle luxe dans le retail : Après les incursions réussies de marques comme Gucci ou Dior dans le F&B, l’arrivée de Zara sur ce segment témoigne d’une évolution clé : la restauration n’est plus l’apanage des maisons de luxe. Ce mouvement traduit un désir de démocratiser l’expérience client haut de gamme en intégrant des codes culturels locaux accessibles à une clientèle plus large.
Des défis spécifiques pour une marque comme Zara : Contrairement aux maisons de luxe, Zara ne bénéficie pas de l’aura prestigieuse qui transforme chaque initiative en une expérience exclusive. Le défi ici est de compenser l’absence de ce capital immatériel par une proposition de valeur forte, basée sur l’authenticité locale et une exécution irréprochable.
Un pari audacieux mais risqué : Si ce modèle peut séduire dans des villes cosmopolites comme Madrid ou Lisbonne, où la demande pour des expériences différenciantes est forte, son adaptation à des marchés plus conservateurs ou à faible pouvoir d’achat pourrait être plus complexe. Le succès de Zara dans ce domaine dépendra de sa capacité à ajuster son offre et à éviter la standardisation.
La montée d’une nouvelle ère du retail : L’ouverture de ces cafés reflète une tendance globale où le commerce de détail s’efforce de devenir une destination, plutôt qu’un simple point de vente. Les consommateurs, fatigués des expériences purement transactionnelles, recherchent des lieux combinant shopping, gastronomie et immersion culturelle. Cependant, cette tendance pose la question de la saturation : à mesure que ces initiatives se multiplient, l’effet “wow” risque de s’estomper, laissant place à une concurrence accrue sur l’originalité et l’exécution.
Opportunité business
Pour les acteurs du F&B, l’entrée d’enseignes grand public comme Zara sur ce segment ouvre la porte à des collaborations inédites. Elle confirme aussi la montée en puissance d’une demande pour des concepts hybrides où la gastronomie joue un rôle de levier émotionnel dans des environnements retail. En revanche, cela peut aussi intensifier la pression concurrentielle pour les acteurs locaux et les restaurateurs indépendants, qui devront miser sur des propositions encore plus différenciantes.
Alice Polack