Quand l’actualité fait se télescoper des enjeux climatiques via un sondage et un statu quo européen sur le glyphosate.
81% des Français se disent inquiets du réchauffement climatique ; 61% admettent que cette prise de conscience est récente ; 68% estiment que consommer responsable est le meilleur moyen de préserver la planète, selon un sondage mené par Poll & Roll pour Helios, l'alternative bancaire engagée pour un futur durable. 67% des répondants reconnaissent néanmoins que cette prise de conscience est récente, voire très récente pour 19% d’entre eux.
68% estiment qu’il est de leur devoir d’agir en adoptant une consommation éthique et responsable, tout en attendant des dirigeants politiques davantage de volontarisme et d’actes forts (40%). L’impact environnemental est ainsi devenu l’un des critères les plus importants dans la décision d’un achat (73%), après le prix (98%), le bénéfice santé (92 %) et l’origine du produit ou service (76%).
Statu quo européen sur le glyphosate
Pendant que nous prenons connaissance de ces statistiques, à Bruxelles aujourd’hui, l’Union européenne se prononçait sur le prolongement de l’autorisation actuelle du glyphosate sur son sol, renouvelée en 2017 pour cinq ans puis étendue d’une année supplémentaire, expirant le 15 décembre prochain. Rassemblés depuis jeudi au sein du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation, les représentants des États membres devaient statuer sur le devenir de cette substance, classée « cancérogène probable » par l’Organisation mondiale de la santé, mais faisant de l’objet de rapports scientifiques contradictoires.
Il aurait suffi d’un non pour une interdiction, passé le 15 décembre. De 15 votes au moins sur les 27, soit 65% de la population européenne, pour que l’UE prolonge jusqu’en 2033 le bail du glyphosate dans les sols de son territoire. La France, tout comme l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas, s’est abstenue, a confirmé à l'AFP le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau : « On a dit, depuis le début, que la proposition de la Commission telle qu'elle est formulée, 10 ans sans conditions, ne correspondait pas à la trajectoire décidée par la France depuis plusieurs années, qui est de restreindre les usages, là où il y a des alternatives pour faire en sorte qu'il y ait moins de glyphosate. »
La majorité n’ayant pas été obtenue ce vendredi, un nouveau tour de scrutin aura lieu d’ici la mi-novembre à l’issue duquel la Commission européenne pourra décider seule de la prolongation si le statu quo demeure.
Si la substance active est approuvée, chaque État aura la responsabilité d’autoriser les produits contenant du glyphosate, en fixant les règles d’utilisation en fonction des cultures, des conditions climatiques et des spécificités géographiques. Bruxelles demande aux États d’évaluer les effets potentiels sur l’environnement, la biodiversité, les composants des herbicides et l’exposition des consommateurs aux résidus, tout en veillant à la protection des eaux souterraines et de surface. Les États pourront ainsi restreindre l’utilisation du glyphosate, mais uniquement dans le cadre des critères établis par l’UE.
AV / © Erich Westendarp-Pixabay