Quentin Sany et son équipe du Pain du Gone a organisé l'une des collectes solidaires lyonnaises pour l'Ukraine.
Le conflit a démarré il y a plus d'une semaine, quand avez-vous commencé à vous organiser ?
L'idée a été initiée le mardi 1er mars. On a voulu faire partir des camions pour aider les gars sur place, en guerre. J'ai appelé White Mirror (agence digitale de social media) qui nous suit depuis trois ans. On a démarré avec une collecte de produits de première nécessité, sur notre site de production où se trouve notre fournil, à Limas. Je suis en relation avec des pompiers de Saône-et-Loire et à Chauffailles, là où se trouvent nos champs de blé. Une démarche a été faite auprès d'eux et d'hôpitaux, ce qui nous permet d'obtenir du matériel médical. On est des boulangers avant tout, on a donc décidé de fournir une tonne de Saint-Roch, des pains de trois kilos qui se conservent très bien, au moins une semaine. Nous partons dimanche à 20 heures pour arriver lundi soir.
Quel volume représente votre collecte et quelle est la destination du convoi ?
Le temps d'achever la collecte, nous devrions partir à deux, voire trois camions de 20 m3 et six personnes s'en vont pour Radymno. À ce jour, nous avons du matériel médical, des denrées alimentaires, des produits pour bébés, des couches, des serviettes hygiéniques, de la première nécessité essentiellement. Et beaucoup de vêtements chauds, comme des chaussures ou des parkas. Nous sommes en lien avec une organisation de camps pour les réfugiés, et nous devrions emprunter une voie relativement sécurisée de la Suisse vers l'Allemagne, en passant par la Pologne, vers Radymno au sud-est, une ville frontalière de l'Ukraine. 1 850 km nous attendent.
Pour l'instant, nous allons voir comment ça se passe sur place,
mais s'il le faut, on y retournera. »
Qui a répondu présent pour la collecte, avez-vous sollicité d'autres boulangers ? Pour le moment, vous n'y êtes pas encore, mais pensez-vous renouveler l'opÉration ?
Les réseaux ont été efficaces ! Les Restos du Cœur ont participé, nos salariés, les casernes de Saône-et-Loire, tous ceux qui gravitent autour du Pain du Gone. Pour l'instant, nous allons voir comment ça se passe sur place, mais s'il le faut, on y retournera. On va se rapprocher d'autres associations pour voir si des containers sont également prévus. Pour l'instant, nous sommes bien occupés avec la collecte, donc on ne s'est pas encore concertés avec d'autres gens du métier. À l'heure où nous parlons, nous avons déjà 40 m3 prêts à partir, et dimanche nous allons tout trier. Nous élargirons également à d'autres associations s'il y a d'autres besoins, on reste une collecte globale.
Propos recueillis par Hannah Benayoun
Photos : White Mirror et Marjan Blan (Unsplash)