Révision du Nutri-Score : Danone et d'autres géants se retirent face au nouvel algorithme
Le retrait du Nutri-Score par Danone pour ses yaourts à boire met en lumière les répercussions d'une révision de l’algorithme. Ce changement, visant à mieux refléter les composantes nutritionnelles des aliments, a provoqué une dégradation de la note de plusieurs produits, forçant les marques à réévaluer leur stratégie.
En bref
La mise à jour de l’algorithme du Nutri-Score, introduite en 2024, revoit à la baisse les notes de nombreux produits, notamment les yaourts à boire, désormais classés dans la catégorie « boissons ». Ce changement a entraîné une chute brutale des scores (de B à E pour Actimel, par exemple) en raison de nouveaux critères plus stricts pour les teneurs en sucre, sel, fibres, protéines, et la réévaluation des édulcorants et matières grasses. Danone, suivant d'autres marques telles que Bjorg, Migros et Emmi, a décidé de retirer le Nutri-Score sur ses produits à boire pour limiter l'impact sur son image.
Pourquoi l'algorithme a-t-il changé ?
• Révision pour une évaluation plus stricte des boissons : La catégorie "boissons" a été retravaillée pour aligner les boissons sucrées, y compris les yaourts à boire, avec les critères les plus stricts en matière de nutrition. Seules l’eau et les boissons sans sucre ajouté peuvent prétendre au A.
• Nouveaux seuils pour les macronutriments : Les teneurs en sucre, sel, fibres et protéines sont plus sévèrement notées. Par exemple, les yaourts à boire riches en sucres, même naturels, sont pénalisés, tandis que les édulcorants non-nutritifs sont désormais pris en compte dans l’évaluation.
• Reclassement des fruits à coques et graines : Autre nouveauté, ces aliments passent de la catégorie "fruits" à "matières grasses", impactant négativement les produits à base de noix ou graines.
• Nouvelle catégorie « viande rouge » : Pour tenir compte des recommandations de santé publique, une nouvelle catégorie spécifique a été créée pour mieux évaluer la viande rouge, souvent pointée du doigt dans les régimes alimentaires occidentaux.
Décryptage et Analyse
• Impact sur les catégories produit : En classant les yaourts à boire comme des « boissons », l’algorithme applique un barème strict basé sur la teneur en sucres et graisses. Ce reclassement fait chuter des produits traditionnellement perçus comme sains. Cette modification questionne la flexibilité du Nutri-Score à bien évaluer des produits à mi-chemin entre alimentation et boisson.
• Un algorithme perfectible ? : La révision met en exergue les limites du Nutri-Score, qui reste une évaluation générique des produits alimentaires. Elle soulève la question de l'adaptation des critères pour des produits complexes, nécessitant une analyse plus fine de leur usage dans le cadre des habitudes alimentaires des consommateurs.
• Tendance de fond : Ce mouvement de retrait du Nutri-Score s’inscrit dans une tendance de l’industrie à privilégier des indicateurs alternatifs comme le Planet-Score, plus orienté vers la durabilité, ou l’Eco-Score. Les marques cherchent à repositionner leur communication sur des valeurs écologiques plutôt que purement nutritionnelles, surtout lorsque les nouvelles règles dégradent leur image.
Opportunité business
Les consommateurs risquent d’être encore plus confus face à ces retraits successifs. Sans une pédagogie renforcée autour des indicateurs nutritionnels, et sans une communication claire sur les raisons de ces changements, il est probable qu’ils perçoivent ces retraits comme un signe de mauvaise qualité.
Deux chemins distincts se dessinent pour les industriels face à ces changements Investissement en R&D pour reformuler les produits : Certaines marques peuvent choisir de revoir leur composition pour répondre aux nouvelles exigences du Nutri-Score. Réduire la teneur en sucre et graisses, en particulier dans les boissons lactées, peut améliorer les scores, mais pourrait altérer la qualité organoleptique des produits.
Repositionnement marketing sur d'autres labels : D’autres entreprises, comme Bjorg ou Danone, pourraient opter pour une communication axée sur des labels environnementaux (Planet-Score, Eco-Score). Ces certifications, en croissance, valorisent davantage les pratiques durables et le respect de l’environnement, détournant l'attention du Nutri-Score tout en répondant aux nouvelles attentes des consommateurs.
Alice P