« Dans un contexte euphorique, il faut consolider notre filière pour l’avenir en venant à Europain »
Dominique Denoël est le CEO de VMI et le président d’EKIP, le syndicat des équipementiers français du goût, également propriétaire du salon Europain. Avec Serge Valadou, président de Panem International et Directeur général d’EKIP, ils reviennent sur la forte croissance de la boulangerie-pâtisserie au premier semestre 2021 et sur les raisons pour toute une filière de se mobiliser autour d’Europain des 22 au 25 janvier 2022.
En tant que chefs d’entreprise, quel bilan tirez-vous de ce premier semestre 2021 ?
Dominique Denoël (DD) : La situation est incroyablement euphorique. Euphorique dans le sens où l’ensemble des acteurs de la filière se porte entre bien et très bien. Avec des niveaux de croissance, par rapport à l’année 2020 et même par rapport à l’année 2019, que personne n’attendait, objectivement. On parle de croissance à 2 chiffres, entre 30 et 50, voire 60 %. C’est absolument inattendu, par l’ampleur mais aussi sur la durée. Parce qu’on aurait pu imaginer qu’il s’agissait d’un rattrapage de 2020, par essence de courte durée, mais cela fait maintenant un peu plus de six mois que ça dure.
Serge Valadou (SV) : C’est une situation historique, que je n’ai personnellement jamais connue et ce alors même que 2020 était très bien orienté. Parce que la boulangerie-pâtisserie a été plutôt préservée dans cette période tendue avec les confinements successifs. Et donc sur le marché français, notamment artisanal, on a bien fonctionné l’année dernière, avec de la croissance par rapport à l’année 2019. Or, depuis début 2021, les niveaux d’activité sont encore plus importants avec un relais export qui commence à s’amplifier. On voit que les projets se réactivent de région en région du monde et cela augure plutôt d’une fin d’année et d’un début 2022 relativement intenses.
Y a-t-il des freins à cette croissance à court et moyen termes ?
SV : C’est le revers de chaque période d’euphorie : des problématiques de matières premières, de main-d’œuvre, de délais qui s’allongent, de logistique, ce qui peut aussi générer de l’incompréhension chez nos clients. Mais c’est plutôt du stress positif par rapport à une période, en mars-avril 2020, où l’on aurait pu se projeter négativement sur l’avenir.
DD : Nous en parlions lors du dernier rendez-vous du bureau EKIP, les clients qui étaient extrêmement attentistes pendant des mois ont un peu de mal à comprendre que tout ne soit pas disponible d’un claquement de doigts, parce que simplement ils ont l’envie et le besoin d’investir aujourd’hui. Mais ce sont les problèmes d’une filière qui se porte extrêmement bien et donc ce sont des problèmes intéressants à régler !
C’est un âge d’or pour la boulangerie-pâtisserie française, qui s’est révélée comme une valeur refuge pour les consommateurs ?
SV : Attention à cette notion de valeur refuge… La boulangerie-pâtisserie a bénéficié de façon importante de l’arrêt brutal de l’activité de la restauration courant 2020. Il faut appeler un chat, un chat : il y a eu un transfert de consommation, les boutiques n’ont pas été fermées, considérées à juste titre comme magasin de première nécessité alimentaire. Et il y a donc cet effet d’aubaine. On est en train de revenir dans « l’ancien monde », avec la restauration qui redémarre. Comment les choses vont se rééquilibrer, est-ce que notamment au niveau de l’artisanat boulangerie, il ne va pas y avoir un petit palier technique de volume ? Et même si l’on ne parle pas de « bulle », on va peut-être parler d’atterrissage… Reste à en définir le terme. Mais c’est aussi vrai que le secteur boulangerie-pâtisserie est considéré au niveau financier comme une valeur refuge par les banquiers. Ils ont constaté que cette profession passait bien la crise, donc forcément ils sont peut-être plus enclins à financer les investisseurs.
DD : La crise du Covid a confirmé l’attrait des produits artisans, des variétés, des pains spéciaux… Autant de choses permises par les énormes progrès qui ont été faits ces dernières années, tant du point de vue qualitatif que dans la diversité de l’offre. Et cela restera même si nous sommes dans un monde de zappeurs permanents. Cette crise a permis une reconquête d’un certain nombre de parts de marché et a, à sa manière, contribué à la résilience de notre secteur. Nous avons collectivement démontré notre capacité à produire de la qualité et un service qui n’a jamais failli, ce qui n’a pas forcément été le cas par exemple en Italie. Et cela a probablement raffermi quelques liens dans la filière. On prend ça vraiment comme du bon pain et comme une bonne nouvelle, porteuse pour l’avenir.
La French Touch, ce pain à la française, c’est justement ce que le salon Europain a décidé de mettre en avant en janvier 2022. Qu’en pensent les président et directeur général d’EKIP, propriétaire du salon ?
DD : Le pain à la française reste une valeur sûre, et je dirai que les équipementiers que représente EKIP sont là en même temps pour servir cette capacité de différenciation, l’accès à la qualité et à l’authenticité des produits. Donc ça, ça a du sens, Europain est l’endroit parfait pour exploiter cette dimension-là et pour les exposants de démontrer aux investisseurs – les boulangers ou toute la filière, puisque Europain c’est un salon pour les investisseurs avant tout –, cette capacité de découverte. Et je pense que janvier 2022 sera une opportunité formidable pour cela.
En même temps, quand tout va bien, à quoi cela sert-il d’être présent à un salon ?
SV : Il ne faut jamais oublier que nous sommes dans un marché des métiers de bouche, un marché de la convivialité, donc le contact est important. Et il faut se dire que si les carnets de commandes sont certes pleins, on va au devant de problématiques de logistique, d’approvisionnement etc., et qu’il est donc indispensable de consolider notre filière pour l’avenir. Être présent et exposer à Europain, c’est justement consolider notre écosystème et surtout montrer au marché et notamment à l’export qu’on est présent, que l’on se projette dans l’avenir. Il ne faut pas raisonner que sur le court terme. Il faut raisonner sur le déploiement de la filière et l’image forte que doit véhiculer la France dans cette activité.
DD : C’est justement au moment où les affaites vont bien qu’Europain est une opportunité formidable pour montrer tout le travail de R & D, de développement, d’innovation que nous avons poursuivi durant la crise. Et quel meilleur endroit qu’un salon pour la partager avec nos clients, nos partenaires. Je crois qu’il n’y a pas mieux qu’Europain pour le faire. Certes, la digitalisation a irrigué tous nos processus, mais elle ne peut pas se substituer. Elle se rajoute, elle complète, mais elle ne remplace pas. Nous sommes des entrepreneurs, les boulangers sont des entrepreneurs, et les entrepreneurs sont par définition dans une collectivité, une communauté. Et cette communauté a besoin de se retrouver, de se voir. C’est à la fois affectif mais aussi rationnel : on ne peut opérer que sur ce que l’on comprend et sur ce que l’on connaît. Et encore une fois, quoi de mieux qu’un salon pour comprendre les tendances, les évolutions, les innovations qui feront notre performance à tous demain. Europain, avec ses concours, ses événements, son offre, permet la rencontre, la discussion, l’échange. Sans ça il n’y a pas de vie, il n’y a pas de progrès. Et on ne fait rien tout seul dans la vie !
Europain rejoint l’écosystème Sirha Food et devient Sirha Europain !
Europain reste bien Europain, le salon leader de la boulangerie-pâtisserie, tournée vers l’excellence française notamment à l’export avec l’incomparable puissance du french baking. Mais pour renforcer sa dynamique et lui permettre de toucher de nouveaux secteurs comme la restauration et le snacking, Europain a intégré depuis 2021 l’écosystème Sirha Food, créé par GL Events, autour de son salon emblématique Sirha, référence du Food Service et de la restauration.
Europain se lit donc désormais Sirha Europain, s’offre un tout nouvel habillage graphique, une correspondance d’image et d’esprit avec Sirha Lyon mais également les grands concours Sirha Bocuse d’Or et Sirha Coupe du monde de la pâtisserie. Car un écosystème est plus fort pour répondre aux enjeux de marchés en pleine mutation, où la technologie et les usages empruntent de plus en plus aux univers connexes, dans un monde perméable à toutes les évolutions. Et puisque le digital est l’un des puissants vecteurs de ce millénaire, Sirha Europain est également intégré dans l’application Sirha Food et l’ensemble de ses services digitaux Sirha Connect, qui rapprochent les exposants et les visiteurs (business meetings, prises de rendez-vous, agenda personnel, billetterie…) Bienvenue à Sirha Europain !