3, 19, 9, 30. Les chiffres magiques sont tombés via la presse régionale, à laquelle le Président a accordé un entretien publié jeudi 29 avril. Une levée des restrictions par paliers de décompression, s’étalant du 3 mai au 30 juin, sous réserve d’une évaluation de la situation sanitaire dans chaque département.
Première joie le 3 mai : fini la règle des 10 kilomètres et les interdictions de circulation inter-régionales. Mercredi 19 mai : le couvre-feu sera décalé à 21 heures et les terrasses peuvent rouvrir, avec pas plus de six personnes par tablée. « J’ai bon espoir que la France entière pourra passer à l’étape du 19 mai. Les mesures seront nationales, mais nous pourrons actionner des freins d’urgence sanitaires dans les territoires où le virus circulerait trop », a néanmoins prévenu Emmanuel Macron. « À l’heure actuelle, il y a huit départements dans lesquels l’incidence dépasse 400 cas pour 100 000 habitants. » Joie mesurée pour Paris, l’Oise, la Seine-Saint-Denis, la Seine-et-Marne, l’Essonne, les Bouches-du-Rhône, le Val-de-Marne et le Val-d’Oise.
Le 9 juin, cafés et restaurants pourront reprendre du service en salle, le couvre-feu sera repoussé à 23 heures et des rassemblements jusqu'à 5 000 personnes (foires, salons, expositions…) seront possibles grâce au pass sanitaire. « Ce pass, qui sera papier ou numérique, par l’application TousAntiCovid, permettra de montrer qu’on est vacciné ou testé négatif dans les deux jours qui précèdent », a précisé le chef de l’État. Au 30 juin, ce sera le retour du service du soir, puisque cette date devrait officiellement marquer la fin du couvre-feu, en vigueur dans certains départements depuis le 17 octobre, et la levée des jauges dans les différents établissements recevant du public.
Réactions, action
« Ce qui est important c'est qu'on a enfin un calendrier : nous le demandions depuis longtemps, et aussi d'être prévenus trois semaines avant, ce qui est respecté », a salué Roland Héguy, président de l'Umih, principal syndicat de l'hôtellerie restauration, interrogé par l'AFP. « Enfin on a les dates, on a les clés du déconfinement et on peut s'organiser pour travailler. »
Sans ternir la joie générale, certains professionnels s’inquiètent ou s’agacent quand ils ne sont pas découragés comme les acteurs du monde de la nuit dont les discothèques ne rouvriront pas même au 30 juin. Frédéric de Boulois, président de l’Umih 44 : « Rouvrir les terrasses avec un couvre-feu à 21 heures… Si vous prenez les chiffres de l’année dernière, c’était entre moins 30 % et moins 50 % du chiffre d’affaires le midi. » Ou Virginie Quérard, présidente du Groupement national des indépendants (GNI) de l’hôtellerie-restauration du grand Ouest : « C’est un paradoxe : est-ce que les annonces nous satisfont ? Non, mais nous sommes contents de rouvrir. Le report du couvre-feu est une bonne chose, mais un lever total sera indispensable pour retrouver une activité normale. Par conséquent, c’est important que l’État maintienne les compensations liées aux fermetures administratives jusqu’à une réouverture normale. » Laurent Tournier, le président de l’Umih 33, de souligner : « On pouvait espérer une jauge intérieure, comme évoqué lors des échanges, car beaucoup de restaurants n’ont pas de terrasses. Et pour ceux qui le peuvent, la demi-jauge, la distanciation des tables, la météo… Cela va être très compliqué de travailler uniquement en extérieur. »
Sur ce point, Emmanuel Macron a pris le soin de préciser dans son entretien : « Il faudra être très vigilant pour accompagner le redémarrage sans créer de fragilités économiques. Le dispositif d’activité partielle sera maintenu à l’identique en mai et en juin. En mai, pour ceux qui commencent à rouvrir, il y aura les mêmes aides économiques qu’en avril. À partir du 1er juin, l’accompagnement se fera au prorata de la reprise d’activité. On aura une réponse adaptée par secteur. Ce sera du cousu main. »
Plus que trois semaines pour recruter, se refaire une beauté, se mettre en conformité avec les règles sanitaires, refaire les stocks pour ensuite accueillir les clients. Reprendre la vie. Progressivement.
AV