Le chef et journaliste culinaire américain Anthony Bourdain est décédé en France alors qu’il tournait un nouvel épisode de « Parts Unknown » produite pour CNN.
Personne comme Anthony Bourdain n’aura marqué le story telling culinaire mondial depuis le début des années 2000. Ancien chef reconverti dans le journalisme – d’abord écrit puis télévisuel -, c’est paradoxalement en France, là où il était le moins connu, qu’il a décidé de mettre fin à ses jours alors qu’il tournait un nouvel épisode de sa série « Parts Unknown », diffusée dans le monde entier par le network CNN. « Son amour de l’aventure, des amis, de la bonne bouffe et du vin tout autant que sa capacité à raconter le monde faisaient de lui un narrateur unique », a commenté la chaîne en confirmant le décès de ce grand baroudeur de 61 ans.
De fait, Bourdain a marqué sur tous les continents son territoire d’auteur-mangeur infatigable à la découverte aussi bien des meilleurs sushis de Kyoto que des traditions préservées dans des vallées reculées du Mexique. Mais l’épisode le plus fameux – qui a sans nul doute contribué largement à sa notoriété planétaire – est cette fois-ci où, attablé au Pied de Cochon à Montréal, il avait dû ingurgiter toute la carte faite de tarte de boudin et autre poutine au foie gras apportée gaillardement par le malicieux (et complice) chef Martin Picard. L’épisode n’était pas sans rappeler ce passage de l’Aile où la Cuisse où Louis de Funès, patron du guide Duchemin, était forcé d’avaler toutes les monstruosités préparées par un chef vexé de sa mauvaise note. Bourdain était trop francophile pour ne pas y avoir pensé…
Car l’américain cultivait depuis toujours une tendresse particulière pour la cuisine française traditionnelle, celles des Bocuse, Mère Brazier, Troisgros… On se souvient encore, pour l’avoir vue de nos yeux, de son admiration non feinte en découvrant dans l’atelier de la maison Reynon à Lyon la fabrication artisanale des quenelles de brochet. Il avait enchainé sur une dégustation de rosette de Lyon, un coup de beaujolais, avant d’être intronisé Chevalier du Pâté Croûte. Ce jour-là, c’était son ami Daniel Boulud qui lui servait de guide. Hier, c’est le chef Eric Ripert, le cuisinier du Bernardin à New-York, français lui aussi, qui aurait découvert le corps sans vie de son ami.
Luc Dubanchet